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26.04.2024 à 08 H 32 • Mis à jour le 26.04.2024 à 08 H 32

Filière sucrière : comment Cosumar relève les défis de durabilité

Alors que le pays est plus que jamais touché par la crise climatique, l’agriculture nationale, et à travers celle-ci la sécurité alimentaire, se retrouvent menacées. L’une des filières pour lesquelles l’impact est le plus considérable est celle sucrière. Cosumar a saisi l’occasion du SIAM pour revenir sur les enjeux de durabilité dans son secteur, dont le développement a pris des décennies et qui est appelé aujourd’hui à faire preuve de résilience



Principal producteur sucrier au Maroc, Cosumar a bâti au fil des années un modèle d’efficacité économique lui permettant d’assurer l’approvisionnement du marché national d’un produit de première nécessité. Les enjeux, relevant de la sécurité alimentaire du pays, sont à leur tour de plus en plus nombreux : assurer l’approvisionnement du marché national à des prix maîtrisés, renforcer la compétitivité de l’industrie sucrière nationale et contribuer au développement socio-économique à travers la création d’emploi et l’amélioration des conditions des professionnels.


Face à cette multitude de défis et d’enjeux, un principal pari est porté par l’opérateur sucrier : celui de la durabilité. Ainsi, qu’il s’agisse de faire perdurer la performance économique ou de s’adapter aux défis environnementaux, la durabilité est centrale dans le modèle opérationnel de Cosumar, apprend-on. De l’amont agricole à la distribution, ce même modèle lui permet de s’adapter face aux nouveaux défis tout en poursuivant sa trajectoire ascendante de croissance.


Présent au Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM) de cette année à Meknès, Hassan Mounir, directeur général de Cosumar, revient sur les efforts déployés par l’entreprise pour assurer la performance économique dans un contexte de plus en plus complexe et volatile.


Des ajustements entamés dès 2016

« Une décision dont la pertinence se confirme d’année en année ». C’est ainsi que le DG de Cosumar qualifie la décision de son groupe de mettre le paquet sur le renforcement des infrastructures de production de sucre au Maroc. Le groupe avait en effet dès 2016 multiplié les investissements afin de renforcer sa capacité de production. Ces investissements dans de nouvelles usines, un nouveau matériel, de nouveaux procédés et une nouvelle organisation en agglomérant certaines unités de production émanaient d’une pensée : « si nous sommes confrontés à une année où les conditions mènent à une faible production ou font en sorte que nous soyons incapables de produire, il faut que le sucre ne manque pas sur le marché national », souligne Hassan Mounir.


Au cours des précédentes années ce scénario s’est concrétisé. Les épisodes successifs de sécheresse ont impacté les cultures de betteraves et cannes à sucre, entraînant à la fois un rétrécissement des superficies et un affaiblissement des rendements. Résultat direct : recul de la production nationale de plantes sucrières, qui est passée de 600 000 à 200 000 tonnes par an, selon le DG. La stratégie « proactive  » du groupe a permis de toutefois maintenir l’approvisionnement normal du marché national de cette denrée. L’exemple de la principale raffinerie de Cosumar à Casablanca est parlant à cet égard : « la capacité de production de cette usine a été portée de 750 000 tonnes 2016-2017 à 1,5 million de tonnes (MT) aujourd’hui », fait savoir le DG de Cosumar, notant qu’« à elle seul, cette raffinerie est aujourd’hui capable de couvrir les besoins du marché national  ».


Les chiffres réalisés par Cosumar en 2023, sur fond de stress hydrique et de flambée des prix des matières premières, sont à leur tour parlants. Le groupe a en effet atteint un chiffre d’affaires de 10,2 milliards de dirhams (MMDH), avec un résultat net de 1,1 MMDH et 1,6 MMDH en excédent brut d’exploitation. En termes de performance opérationnelle, les huit unités de production ont traité 1,39 MT de betteraves à sucre et plus de 400 000 tonnes de cannes à sucre, avec des rendements de 7,8 et 7,6 de tonnes de sucre par hectare (t/ha) respectivement, grâce à un arsenal de 2 420 machines agricoles connectées au serveur central du groupe. Cela a permis au groupe de mettre sur le marché national 1,2 MT de sucre blanc, dont 224 000 tonnes issues de plantes locales. A l’export, ce sont quelque 587 000 tonnes de sucre qui ont été expédiées vers 80 destinations.


Une production agricole sucrière en baisse, des coûts qui grimpent

En effet, ce n’est pas la capacité de production qui manque à Cosumar, dont les infrastructures le dotent d’une capacité globale de traitement des plantes sucrières de 5 MT, avec une capacité de production de 2 MT de sucre. Présent sur cinq régions, le groupe compte sur une workforce de 80 000 agriculteurs agrégés, en plus de 1 326 collaborateurs. Le défi majeur demeure cependant l’approvisionnement en matière première. Face à une sécheresse latente, le Maroc est continuellement amené à faire appel aux fournisseurs étrangers pour subvenir à ses besoins. Selon les chiffres du ministère de l’Agriculture, le royaume doit acquérir 50 % de ses besoins en matière sucrière brute.


L’intervention de Cosumar à ce niveau est aussi cruciale. Le groupe assure le raffinage du sucre brut importé, permettant ainsi de fournir le sucre tout en évitant les coûts d’importation du produit fini. Assurant le conditionnement, la distribution et l'exportation du sucre blanc sous différentes formes, dont le pain de sucre, le lingot, le morceau et le sucre granulé, la société fait du Maroc l’unique pays dans la région où « un sucre aussi pur est disponible à des prix aussi abordables avec un éventail de choix quant à sa forme », selon Mounir. Ce dernier ajoute : « d’autres pays de la région faisant face aux mêmes conditions climatiques ont même dû suspendre les activités industrielles qui utilisent du sucre, en raison de son indisponibilité ».


Le prix du sucre étant réglementé par l’État. Il n’a quasiment pas bougé depuis 2006, à part « une récente augmentation insignifiante de 10 centimes du prix de vente final  ». Si les Marocains parviennent toujours à acheter le produit qui leur est si indispensable à un prix ne dépassant pas les 5 dirhams à la sortie de l’usine, cela n’exclut pas que les coût de production n’a pas enflé. Le produit étant subventionné par l’État, la charge de compensation du sucre à la consommation a atteint les 4 MMDH en 2023, selon la synthèse du rapport sur la compensation au titre de l’année 2024.


Au titre de la campagne 2022-2023, l’État a accordé 2 700 DH pour chaque hectare de betterave à sucre, 2 570 DH pour chaque hectare de canne à sucre en plus de 500 DH par hectare d'aides accordées pour couvrir les frais d'irrigation. Bien que les mécanismes de soutien, dont ceux mis en place dans le cadre du contrat-programme signé l’année dernière entre le gouvernement et la Fimasucre, la fédération regroupant les professionnels de la filière, atténue l’impact de la hausse du coût de production sur les producteurs aussi, ceux-ci demeurent confrontés à d’autres charges qui s’alourdissent.


A la phase de production, le DG de Cosumar cite quelques intrants dont les cours ont grimpé au cours des dernières années : « le prix du charbon a été multiplié par 4 ou 5, l’emballage a augmenté de 25 %, en plus du transport qui s’est renchéri ». Ces hausses viennent s’ajouter à celles subies par les agriculteurs et qui concernent entre autres les graines, les engrais et l’énergie.


A cela faut ajouter une rareté des précipitations qui impose le recours au goutte-à-goutte et donc une augmentation du coût pour réaliser les installations nécessaires. Selon les données de Cosumar, le prix d’achat de la tonne de betterave à sucre à 16,5 % de richesse (teneur en sucres) a augmenté de 80 DH, tandis que celui de la tonne de canne à sucre à 10,5 % de richesse et s’est donc renchéri de 70 DH.



L’innovation au service de la durabilité

« Conjuguer la performance économique à la responsabilité sociale et environnementale  ». Tel est le pari que porte aussi Cosumar. L’aspect environnemental est d’autant plus critique que la pérennité de l’activité, voire de la filière, en dépend. Une bataille que Cosumar, à en croire son DG mène bien depuis déjà des années. « Animé par la conviction profonde qu‘une croissance durable est possible et bénéfique pour tous, le groupe se positionne comme un acteur moteur de l’innovation et du progrès responsable », insiste le groupe dans sa communication.


En chiffres, le progrès est apparent, et le groupe en est fier. En amont agricole, 28 % des superficies agrégées par Cosumar sont équipées en système goutte à goutte, ce qui a permis une économie de 25 % d’eau, alors que 10 000 ha sont traités par drones ce qui réalise une réduction de 30 % des coûts, mais aussi des quantités de produits phytosanitaires. En outre, des smart-blender sont utilisés pour 100 % des superficies, induisant une baisse de 30 % des doses d'engrais de fond.


L’approche durabilité est aussi présente au sein des unités de production. A la raffinerie de Casablanca, la consommation d’eau industrielle a été rabaissée par la moitié, alors que ces économies d’eau atteignent les 73 % dans les sucreries de betterave et 64 % dans les sucreries de canne.


La facture énergétique a aussi été réduite de 15 %, grâce notamment à une économie de 27 % de la consommation d'énergie dans le process de la betterave à sucre et la substitution de 50 % des énergies fossiles par les énergies renouvelables.


L’introduction des énergies propres, notamment à la phase de traitement de la pulpe de betterave où le basculement vers le séchage solaire a limité de 57 000 tonnes les émissions de dioxyde de carbone, permettant au groupe de réduire de 46 % de l'empreinte carbone depuis 2016. Au niveau du transport aussi, le passage à l’acheminement par voie ferrée a évité l’émission de 600 tonnes de dioxyde de carbone.


En plus des efforts fournis pour limiter l’impact du réchauffement climatique, Cosumar se tourne vers la R&D pour développer ses procédés agricoles et industriels. Dans ce sens, on retrouve l’introduction de types de plantes plus résistantes aux variations des températures et moins hydrovores. Un autre outil de grande importance est l’adoption de l’intelligence artificielle, couplée à l’usage de drones munis de caméras, transforme radicalement la gestion des cultures sucrières, en marquant un tournant décisif par rapport aux méthodes agricoles conventionnelles. Cette approche moderne, intégrant des technologies innovantes, vise à optimiser les processus agricoles, offrant aux agriculteurs davantage d’autonomie et répondant efficacement aux enjeux de sécurité alimentaire.




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